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mercredi 17 novembre 2010

L'ultime voyage de Jacques-Yves Le Toumelin

Le Croisicais Jacques-Yves Le Toumelin s'est éteint mardi, il avait réalisé un tour du monde en solitaire en 1949.

Actualité Loire-Atlantique
- samedi 14 novembre 2009 - Presse-Océan

L'ultime voyage de Le Toumelin


Le Croisicais Jacques-Yves Le Toumelin s'est éteint mardi, il avait réalisé un tour du monde en solitaire en 1949.

Jacques-Yves Le Toumelin a été inhumé hier à La Turballe. Il avait 89 ans. Hommage à un marin hors norme.

LE CROISIC

Je viens de perdre un bon ami », souffle hier Jean Quilgars, pêcheur croisicais. Jacques-Yves Le Toumelin s'est éteint mardi, chez lui, dans l'écrin de Pen-Bron. Il avait 89 ans, et le poids des ans.

• Son nom évoque des horizons rêveurs et salins pour toute une génération de marins. Le Toumelin est un pionnier de la voile moderne. Il avait réalisé l'un des tout premiers tours du monde en solitaire avec son robuste voilier de bois construit au Croisic : Kurun. C'était en 1949. Il revint trois ans plus tard, avec un vaillant sillage de près de 30 000 milles (55 000 kilomètres). " Le Toumelin, c'est un mode de pensée unique, une approche de la mer empreinte de rigueur, d'humilité, de droiture, de simplicité ", salue Georges Viaud, président de l'association des Amis du Kurun. Il fallait oser partir, à l'époque, sur les océans avec un bateau de dix mètres de long. C'était un homme maître de son destin, en communion avec la mer. » Les amarres tournées à quai après une dernière traversée depuis les Antilles, Jacques-Yves Le Toumelin s'est installé sur les rives du traict du Croisic, qui l'avait vu grandir. Il a bâti sa vie en franc-tireur, nourri des cultures du monde. « Un homme profond et intègre », appuie son neveu, Matthieu Ricard, devenu moine bouddhiste et porte-parole du dalaï-lama (PO du 22 septembre). Jacques-Yves Le Toumelin a été inhumé hier, à Trescalan, en toute intimité. Son navire l'a salué depuis son ponton croisicais. Pavillons en berne.

Emmanuel Vautier et Marina Cessa

Les écrits sur la spiritualité...


"Le vieil homme avait rangé son sextant depuis bien longtemps et s’était enfermé comme pour mieux fuir la fureur du monde. Écœuré de la violence du monde moderne, lui qui avait aimé les peuples de l’Océanie, il s’était mis à dévorer les écrits sur la spiritualité, dont ceux de René Guénon, qu’il admirait." ...


René Guenon ( 1886-1951) est un métaphysicien français faisant autorité dans les domaines de l’ésotérisme, du symbolisme et de l’étude comparée des religions.
Visionnaire, il prophétise, dès les années vingt, la « crise du monde moderne » et cherche à apporter ses connaissances à chacun, par le biais de livres et d’articles concernant les savoirs traditionnels.
Jalousé ou admiré, l’auteur ne laisse personne indifférent, amis comme ennemis s’attachant à reconnaître son exceptionnelle érudition, son honnêteté intellectuelle (ayant démissionné des fonctions les plus importantes dans divers sociétés secrètes avant de se convertir à l’Islam) et son absence de recherche de pouvoir ou d’argent…
Il finit sa vie en Egypte, marié et père de famille, touché par le soufisme et s’éloignant de disciples qu’il n’a jamais souhaité reconnaître comme tels …

Il est l'auteur entre autres des ouvrages suivants:

"Les Etats multiples de l'être"

"Introduction générale à l'étude des doctrines hindoues"

"Le symbolisme de la croix"

"Orient et Occident"

"Après la découverte du monde physique, le voyage intérieur, dans la lecture et la méditation, avait ramené Jacques-Yves Le Toumelin à lui-même. Quelle Sagesse."

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© GPD

Presse-Océan - Mardi 22 septembre 2009



Presse-Océan - A la une - Mardi 22 septembre 2009 Patrimoine.

En septembre 1949, le Croisicais Jacques-Yves Le Toumelin s'élance avec son petit voilier pour l'un des tours du monde fondateurs de la voile moderne
Soixante ans dans le sillage de « Kurun »

Matthieu Ricard entouré de Jacques-Yves Le Toumelin et de sa mère Yahne : « Nous avons eu de longues et affectueuses discussions sur le sens de l'existence et le chemin spirituel ». Photo collection privée
Les proches de Jacques-Yves Le Toumelin, aujourd'hui âgé de 90 ans, racontent son tour du monde.

LE CROISIC

Les joues du Kurun, tonnerre en breton, bousculent le petit clapot bleu de la baie croisicaise. « Beau temps doux, il est 16 heures, écrit Jacques-Yves Le Toumelin. La brise de sud/sud-ouest est modérée, mais le cotre bien appuyé par toute sa toile fait bonne route. » Nous sommes le 19 septembre 1949. Le voilier de dix mètres, amoureusement bâti au Croisic pendant deux ans, s'élance autour du monde.

« Nous l'avons accompagné pour quitter le port du Croisic. Nous étions cinq à bord, témoigne André Bligné, ami d'enfance. Jacques-Yves, son équipier Gaston Dufour, son père, moi-même et un ami. Jean Quilgars est venu nous chercher près du phare du Four avec son «Indomptable». Il rentrait de pêche, des crevettes splendides plein le pont. Nous avons embarqué avec lui, Kurun s'est éloigné. »

« Un sage immobile »

Le Toumelin est alors l'un des premiers Français, après Alain Gerbault et Louis Bernicot, à courir les mers en solitaire. Sa navigation de trois ans nourrira les mythes fondateurs de la voile en solitaire. Les bourlingueurs d'océans ont puisé leurs rêves dans ses écrits, vingt ans avant ceux de Bernard Moitessier et les victoires de Tabarly. Entre 1999 et 2002, le Nantais Pierre Raffin est parti dans le sillage de Le Toumelin à la barre de « Babar ».

« Jacques n'était pas un ethnologue, observe sa soeur, Yahne Le Toumelin. Mais il eut le souci d'aller à la rencontre des gens aux escales. Il fut l'un des premiers témoins de la disparition des cultures du monde. » « Nous sortions de la guerre, il rêvait de grands voyages, d'aventure, se souvient Jean Quilgars. Il voulait s'évader du monde moderne. » « Il vécut ce voyage comme une retraite intérieure, continue Yahne : un dissident de la société de consommation inspiré par la mer. »

« Caractère très fort », disent ses proches, indépendant, têtu, méticuleux, volontiers bagarreur, Le Toumelin avait l'âme ascétique. Elle est toujours aussi vive. À près de 90 ans aujourd'hui, il vit avec sa femme Josée dans l'écrin de « Gwenved », une propriété nichée sur les grèves de Pen-Bron. « Comme un sage immobile dans la frénésie du monde », esquisse Jean Quilgars.

« C'est un homme profond et intègre, témoigne son neveu Matthieu Ricard, devenu moine bouddhiste et interprète du dalaï-lama. Mon oncle fut pour moi comme un deuxième père. Lorsque j'étais jeune, je l'admirais pour ses qualités de grand marin et pour l'exigence du travail bien fait qu'il appliquait à toutes ses activités, même la plus simple. »

« Il me parlait avec beaucoup de respect des grands navigateurs qui l'avaient précédé dans l'histoire. Joshua Slocum, Louis Bernicot, Vito Dumas, ainsi qu'Annie Van de Wiele qui fit un tour du monde à la même époque que lui. Il ne ménage pas ses éloges aux «bons marins». »

Franc-tireur

A l'heure du Vendée Globe et des sprints océaniques, le capitaine Le Toumelin incarne l'esprit pionnier, la tradition. « Il manifeste quelque effarement devant le culte de la vitesse et l'ambition de faire le tour du monde le plus vite possible », prévient Matthieu Ricard. « Les records sont pour lui une incongruité, presque une provocation à la mer, complète André Bligné. Le bon marin évite de faire souffrir son bateau », il réduit la toile dans la tempête. « Il vit avec la mer ».

Emmanuel Vautier


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Oceano nox


Oceano Nox

Oh ! combien de marins, combien de capitaines
Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines,
Dans ce morne horizon se sont évanouis ?
Combien ont disparu, dure et triste fortune ?
Dans une mer sans fond, par une nuit sans lune,
Sous l’aveugle océan à jamais enfoui ?

Combien de patrons morts avec leurs équipages ?
L’ouragan de leur vie a pris toutes les pages
Et d’un souffle il a tout dispersé sur les flots !
Nul ne saura leur fin dans l’abîme plongée,
Chaque vague en passant d’un butin s’est chargée ;
L’une a saisi l’esquif, l’autre les matelots !

Nul ne sait votre sort, pauvres têtes perdues !
Vous roulez à travers les sombres étendues,
Heurtant de vos fronts morts des écueils inconnus
Oh ! que de vieux parents qui n’avaient plus qu’un rêve,
Sont morts en attendant tous les jours sur la grève
Ceux qui ne sont pas revenus !

On demande ” Où sont-ils ? Sont-ils rois dans quelque île ?
Nous ont-ils délaissés pour un bord plus fertile ? ”
Puis, votre souvenir même est enseveli.
Le corps se perd dans l’eau, le nom dans la mémoire.
Le temps qui sur toute ombre en verse une plus noire,
Sur le sombre océan jette le sombre oubli

On s’entretient de vous parfois dans les veillées,
Maint joyeux cercle, assis sur les ancres rouillées,
Mêle encore quelque temps vos noms d’ombre couverts,
Aux rires, aux refrains, aux récits d’aventures,
Aux baisers qu’on dérobe à vos belles futures
Tandis que vous dormez dans les goémons verts !

Bientôt des yeux de tous votre ombre est disparue.
L’un n’a-t-il pas sa barque et l’autre sa charrue ?
Seules, durant ces nuits où l’orage est vainqueur,
Vos veuves aux fronts blancs, lasses de vous attendre,
Parlent encore de vous en remuant la cendre
De leur foyer et de leur coeur !

Et quand la tombe enfin a fermé leur paupière,
Rien ne sait plus vos noms, pas même une humble pierre
Dans l’étroit cimetière où l’écho nous répond,
Pas même un saule vert qui s’effeuille à l’automne,
Pas même la chanson naïve et monotone
Que chante un mendiant à l’angle d’un vieux pont !

Où sont-ils, les marins sombrés dans les nuits noires ?
O flots ! que vous savez de lugubres histoires !
Flots profonds redoutés des mères à genoux !
Vous vous les racontez en montant les marées,
Et c’est ce qui vous fait ces voix désespérées
Que vous avez le soir, quand vous venez vers nous…

Victor Hugo
Jacques-Yves Le Toumelin s'en est allé


Jacques-Yves Le Toumelin, navigateur français autodidacte, fils et petit-fils de marin s'en est allé la semaine passée, à 89 ans. Avec son décès, c'est le dernier représentant des navigateurs traditionnels de la première partie partie du XX° siècle qui vient de nous quitter.

Parti le 19 septembre 1949 pour un tour du monde qu'il a bouclé le 7 juillet 1952 à bord de son voilier Kurun ("tonnerre" en breton) qu'il avait fait construire au Croisic, il fut l'un de ceux, à l'image de Joshua Siocum et Alain Gerbault, qui a ouvert les chemins de l'aventure que continuent d'emprunter les stars de la grande course au large.

Son bateau, le Kurun, mouillé dans le port du Croisic, est un voilier de type cotre norvégien d'une longueur de dix mètres qui est devenu propriété de la commune du Croisic. Il est aujourd'hui classé monument historique.

Une disparition qui achève de tourner la page jaunie d'une époque révolue où l'homme assoiffé de liberté, attiré par la spiritualité, vivait l'aventure intensément. Une quête personnelle, tout en ouvrant pour ses contemporains une fenêtre sur le monde.

Cette figure emblématique continue d'exister et de partager ce qu'il a vécu par l'intermédiaire de deux livres: "Kurun autour du Monde" et "Kurun aux Antilles".

Jacques-Yves Le Toumelin s'en est allé en fin de semaine dernière.

Voici le blog sur Jacques-Yves Le Toumelin - Réalisé par son grand ami Gilles Durand, il est actuellement en cours de construction. "C'est un devoir de mémoire que je remplis avec émotion", précise l'intéressé: nous attendons vos visites et , si vous le souhaitez, vos commentaires.